Les troubles du sommeil chez l’enfant 

Quels sont leurs impacts ?

Les troubles du sommeil chez l’enfant sont variés et peuvent avoir de forts impacts sur leur développement et leur bien-être. Il est essentiel de les reconnaître et de consulter des professionnels de santé pour les diagnostiquer et mettre en place des traitements appropriés. Il est possible d’améliorer la qualité du sommeil et, par conséquent, la qualité de vie des enfants.

Quels sont les troubles du sommeil les plus fréquents chez l’enfant ?

L’insomnie infantile 

Il s’agit de difficultés à s’endormir ou à rester endormi. Ce trouble se traduit par des difficultés à s’endormir, des réveils nocturnes fréquents, et parfois une fatigue diurne. Il affecte entre 10 et 30% des enfants et des adolescents. Les potentielles causes de l’insomnie sont les mauvaises habitudes de sommeil, l’anxiété,  et le stress.

L’apnée obstructive du sommeil

Il s’agit d’une obstruction intermittente des voies respiratoires supérieures pendant le sommeil. L’apnée se traduit par des ronflements forts, des pauses respiratoires, un sommeil agité, une somnolence diurne. Elle touche 1 à 5% des enfants. Ses potentielles causes sont les suivantes : hypertrophie des amygdales et des végétations adénoïdes, obésité, particularités anatomiques ou neuro-musculaires.

Le syndrome de résistance des voies aériennes supérieures 

Ce syndrome est une forme moins sévère d’apnée du sommeil avec résistance accrue des voies respiratoires sans pauses respiratoires complètes. Les symptômes sont plus légers que ceux de l’apnée : ronflements, respirations difficiles, éveils fréquents.

Les parasomnies

Les parasomnies regroupent les comportements anormaux pendant le sommeil. Elles se divisent en trois principaux groupes.
– Les terreurs nocturnes qui affectent jusqu’à 6% des enfants et se traduisent par des épisodes de cri, parfois d’un aspect paniqué de l’enfant pendant le sommeil, sans souvenir de l’événement au réveil.
– Le somnambulisme touche environ 15 % des enfants, notamment entre 4 et 8 ans. Ce trouble tend à diminuer à l’adolescence. Un enfant somnambule aura tendance à marcher ou effectuer des activités peu élaborées en dormant, sans souvenir au réveil, sauf s’il a été réveillé au cours de l’épisode.
– Le dernier groupe comprend les cauchemars, qui sont très courants, surtout chez les jeunes enfants. Nous connaissons tous ces rêves effrayants provoquant des éveils, de la peur intense, des difficultés à se rendormir. Ils surviennent en sommeil paradoxal alors que les précédents surviennent en sommeil lent profond.

Les troubles du rythme circadien

Les troubles du rythme circadien sont liés à l’horloge interne du corps, qui régule les cycles de sommeil et d’éveil sur une période d’environ 24 heures. Cette horloge interne, située dans le cerveau, aide à déterminer quand vous vous sentez éveillé et quand vous avez envie de dormir. Une personne atteinte de troubles du rythme circadien éprouve des difficultés à s’endormir et à se réveiller à des heures souhaitées. Ce trouble a une grande prévalence chez les adolescents.

Le syndrome des jambes sans repos et les mouvements périodique nocturnes

Il s’agit de sensations désagréables dans les jambes et de mouvements involontaires des membres pendant le sommeil. Les patients présentant un syndrome des jambes sans repos ressentent un besoin irrésistible de bouger les jambes, subissent des mouvements jambiers pendant le sommeil, et ont de fait un sommeil fragmenté. Ce syndrome touche environ 2 à 4% des enfants et adolescents.

enfant qui ne dort pas, parents fatigués

Quelles sont les causes et les conséquences des troubles du sommeil chez l’enfant ? 

Les troubles du sommeil chez les enfants peuvent être causés par divers facteurs : des conditions de sommeil non optimales (bruits, lumière, chaleur …), des allergies, de l’asthme, des reflux gastro-œsophagiens, de l’anxiété, du stress, des troubles émotionnels, un surpoids, des antécédents familiaux de troubles du sommeil, etc. Seul un professionnel de santé sera en mesure de vous indiquer la provenance exacte de ces troubles.

Les troubles du sommeil chez les enfants peuvent entraîner une multitude de conséquences néfastes sur leur santé physique, cognitive, émotionnelle et comportementale.

Les conséquences cognitives 

Les troubles du sommeil peuvent affecter les fonctions cognitives des enfants, incluant l’attention, la mémoire, et les capacités d’apprentissage.

Le déficit d’attention :

Les enfants privés de sommeil ou souffrant de troubles du sommeil comme l’apnée obstructive présentent souvent des difficultés à maintenir leur attention, des difficultés de concentration, des performances scolaires réduites et des comportements hyperactifs.

Les problèmes de mémoire : 

Le sommeil, en particulier le sommeil paradoxal, est essentiel pour la consolidation des souvenirs. Pendant cette phase, le cerveau organise et stocke les informations acquises pendant la journée. Les interruptions fréquentes du sommeil peuvent perturber ce processus, entraînant des difficultés à mémoriser et à rappeler des informations. Un manque de sommeil affecte la mémoire à court terme et à long terme chez les enfants.

La diminution des performances scolaires :

Les enfants avec des troubles du sommeil sont plus susceptibles de présenter des difficultés scolaires. Il existe une corrélation entre le sommeil perturbé et de faibles performances scolaires, notamment en mathématiques et en lecture.

Les fonctions exécutives : 

Les fonctions exécutives, telles que la planification, l’organisation, la prise de décision et la régulation émotionnelle, sont fortement influencées par la qualité du sommeil. Les enfants bien reposés présentent des améliorations significatives dans ces domaines.

Le sommeil est nécessaire pour le fonctionnement optimal du cortex préfrontal, une région du cerveau impliquée dans la prise de décision, la résolution de problèmes et le contrôle de l’attention. Il permet au cerveau de restaurer ses niveaux d’énergie et de se débarrasser des déchets métaboliques accumulés pendant l’éveil. De plus, il régule la production de plusieurs hormones, y compris celles impliquées dans la gestion du stress (comme le cortisol) et la croissance (comme l’hormone de croissance).

Les conséquences émotionnelles et comportementales

Les troubles du sommeil peuvent avoir des effets importants sur la régulation émotionnelle et la santé mentale des enfants.

Régulation des émotions : 

Le sommeil joue un rôle clé dans la régulation des émotions. Les enfants qui dorment suffisamment sont plus à même de gérer le stress, de réguler leurs humeurs et de faire face aux défis émotionnels. Le manque de sommeil peut exacerber les symptômes de l’anxiété et de la dépression chez les enfants. Les enfants souffrant de troubles du sommeil peuvent montrer des signes d’anxiété accrue, perturbant davantage leur sommeil, créant un cercle vicieux.

Les enfants qui ne dorment pas suffisamment peuvent devenir plus irritables et présenter des symptômes de dépression. Il existe une forte association entre les troubles du sommeil et l’augmentation des symptômes dépressifs et anxieux chez les enfants.

Problèmes de régulation émotionnelle : 

Les enfants privés de sommeil peuvent rencontrer des difficultés à gérer leurs émotions, conduisant parfois à des réactions émotionnelles excessives et à une moindre tolérance au stress. Le sommeil aide à la gestion du stress en réduisant les niveaux de cortisol, l’hormone du stress. Les enfants avec une bonne hygiène de sommeil sont plus résilients face aux situations stressantes et ont une meilleure capacité à se calmer. Le manque de sommeil peut augmenter les comportements agressifs. Les enfants fatigués peuvent avoir plus de mal à contrôler leurs impulsions, ce qui peut entraîner des conflits avec leurs pairs et les adultes.

Hyperactivité :

Les enfants privés de sommeil peuvent montrer des signes d’hyperactivité et de comportement impulsif, souvent confondus avec les symptômes du TDAH. Le traitement des troubles du sommeil peut réduire les symptômes d’hyperactivité chez certains enfants.

Problème de comportement social : 

Les troubles du sommeil peuvent affecter les compétences sociales des enfants, les rendant plus susceptibles de s’isoler ou d’avoir des interactions sociales négatives. Les enfants avec des troubles du sommeil avaient plus de difficultés à établir et à maintenir des amitiés.

Les conséquences physiques

Les troubles du sommeil peuvent entraîner divers problèmes physiques chez les enfants.

Croissance et développement : 

Le sommeil profond (stade N3 du sommeil non-REM) est particulièrement important pour la libération de l’hormone de croissance. Cette hormone sert à la croissance des os et des tissus, ainsi que pour la réparation cellulaire. Les enfants privés de sommeil présentent des retards de croissance et des problèmes de développement physique.

Fonction immunitaire : 

Le sommeil aide à renforcer le système immunitaire en permettant au corps de produire des cytokines, qui sont des protéines combattant les infections, les inflammations et le stress. Les enfants qui dorment bien sont moins susceptibles de tomber malades et récupèrent plus rapidement lorsqu’ils le sont.

Obésité : 

Le sommeil régule les hormones impliquées dans la faim et la satiété, comme la leptine et la ghréline. Comme nous l’avons précédemment souligné, un sommeil insuffisant peut déséquilibrer ces hormones, augmentant le risque d’obésité chez les enfants. Inversement les enfants obèses sont plus à même d’avoir des problèmes de sommeil, notamment des apnées au cours du sommeil.

 

Les troubles du sommeil chez les enfants peuvent entraîner des conséquences profondes et variées sur leur santé et leur développement global. En améliorant la qualité du sommeil des enfants, nous pouvons significativement contribuer à leur bien-être et à leur développement.

enfant qui dort

Quels sont les besoins de sommeil de mon enfant ? 

Les besoins en sommeil varient considérablement selon l’âge de l’enfant. Vous trouverez ci-dessous des recommandations de sommeil selon l’âge. Attention cependant, les besoins de sommeil sont individuels. Si le sommeil de votre enfant ne correspond pas aux données qui vont suivre, ce n’est pas obligatoirement signe d’un problème. En cas de doute, n’hésitez pas à vous rapprocher d’un professionnel de santé.

  • De 0 à 3 mois : 14 à 17 heures par jour
  • De 4 à 11 mois : 12 à 15 heures par jour
  • De 1 à 2 ans : 11 à 14 heures par jour
  • De 3 à 5 ans : 10 à 13 heures par jour
  • De 6 à 13 ans : 9 à 11 heures par jour
  • De 14 à 17 ans : 8 à 10 heures par jour

 

Ces heures incluent les siestes pour les plus jeunes enfants, qui diminuent progressivement avec l’âge.

Quels  sont les facteurs influant sur le sommeil des enfants ? 

Le sommeil de l’enfant est influencé par une variété de facteurs, incluant l’âge, l’environnement, les habitudes de sommeil, et les aspects émotionnels et physiques. À mesure qu’un enfant grandit, ses besoins en sommeil évoluent. Les nourrissons nécessitent plus de sommeil que les enfants plus âgés. Un environnement de sommeil confortable et sécurisé, sans bruits excessifs ni lumières fortes, favorise un meilleur sommeil. Les routines régulières, comme des heures de coucher et de réveil fixes, aident à stabiliser le rythme circadien de l’enfant.

Les activités calmes avant le coucher, telles que lire une histoire ou prendre un bain, peuvent apaiser l’enfant et faciliter l’endormissement.

L’exposition à la lumière bleue des écrans avant le coucher peut perturber la production de mélatonine, l’hormone du sommeil.

Il faut éviter d’utiliser les écrans au moins deux heures avant d’aller dormir. Nous en profitons pour rappeler que l’exposition des enfants aux écrans doit être limitée.

Les repas lourds proches de l’heure du coucher peuvent nuire au sommeil. Il est recommandé de manger un repas léger, au moins deux heures avant d’aller au lit.

Une activité physique régulière favorise un meilleur sommeil, mais il est préférable d’éviter les exercices intenses juste avant le coucher.

Vous pensez que votre enfant a un trouble du sommeil ?

Prenez rendez-vous avec notre pédiatre